L’insecticide DDT, interdit dans les Etats Unis depuis 1972, mais qui est capable de persister longtemps dans l’environnement et dans l’organisme humain, pourrait accroitre le risque de développer la maladie Alzheimer, selon un nouveau étude américain publié le 27 janvier 2014 dans l’édition électronique du Journal de l’Association Médicale Américaine (JAMA), et repris par AFP.
La concentration du DDE – la composante active qui résulte après la métabolisation du DDT par l’organisme – était quatre fois plus élevée dans le sang des individus affectés par l’Alzheimer que dans le sang des individus sains du groupe de référence.
Les chercheurs ont étudié 86 patients ayant plus de 60 ans et malades d’Alzheimer et 79 personnes saines. « C’est un des premiers études qui identifie un risque moyen signifiant pour l’Alzheimer », déclare Allan Levey, directeur du Centre de Recherche sur l’Alzheimer de l’Université Emory (Géorgie), un des principaux auteurs de l’étude selon l’agence Agerpress.
Il a ajouté que « l’ampleur des effets du DDT est plus grande que le facteur génétique, l’élément le plus fréquent qui prédispose l’apparition de l’Alzheimer ». Les patients impliqués dans l’étude qui ont présenté la mutation et aussi des concentrations élevées de DDE dans leur sang manifestaient des formes plus sévères d’Alzheimer.
L’étude nous montre que le DDE pourrait contribuer directement à la formation des plaques de bêta-amyloïdes, affirme Jason Richardson, professeur de médicine environnementale à l’Université Rutgers (New Jersey), un autre auteur important, en insistant aussi sur la nécessité d’approfondir les recherches dans ce domaine.
Les scientifiques ont découvert aussi un possible mécanisme à travers lequel le DDE agit sur les cellules du cerveau, déterminant la dégénération neuronale. Dans le laboratoire, ils ont soumis des cultures de cellules neuronales à des concentrations élevées de DDE, constatant ainsi la croissance évidente de la concentration d’une substance essentielle pour l’apparition des protéines bêta-amyloïdes, qui forment des plaques dans le cerveau – une traite caractéristique de l‘Alzheimer. Malgré le déclin des concentrations de DDE et DDT pendant les derniers 30 ans, cet insecticide est encore détectable dans le sang de 75-85% de la population du monde.
« Nous sommes encore exposés à ces substances chimiques parce que nous pouvons manger des fruits, des légumes ou des céréales provenant des pays qui continuent d’utiliser le DDT et aussi parce qu’il persiste longtemps dans la nature », affirme Richardson.
Le DDT est capable de rester dans le corps entre 8 et 10 ans et le DDE s’accumule dans les tissus à fur et à mesure que les hommes vieillissent. Ça peut expliquer pourquoi l’âge est le plus grand facteur de risque pour l’Alzheimer, soutient Allan Levey. Les niveaux de DDE ne sont pas le seul facteur déterminant pour expliquer l’apparition de la maladie, croit Ms. Richardson.
Dans quelques échantillons de sang des malades d’Alzheimer, on n’a pas trouvé le DDE, tandis qu’il y a des gens sains avec des concentrations assez élevées de pesticide, affirment les scientifiques, selon lesquels les facteurs génétiques, en association avec l’exposition à DDT, pourraient contribuer au déclanchement de la maladie.
« L’étude que nous avons précisé n’est qu’une analyse préliminaire, et il faut continuer les recherches sur un nombre encore plus grand de patients, afin de confirmer les résultats » affirme un éditorial publié dans le JAMA. « Une compréhension complète des risques environnementaux pour l’Alzheimer nécessitera la collection d’un nombre beaucoup plus grand d’échantillons de sang et des observations cliniques de longue durée » déclarent les médecins Steven Dekosky (Université de Virginia) et Sam Gandy (Mount Sinai School of Médicine, New York). En dépit des faiblesses de l’étude, les auteurs « ont tiré un avertissement pour l’analyse des influences environnementales sur l’Alzheimer, et en particulier l’influence des pesticides, dont leur rôle dans d’autres maladies est déjà bien établi », ajoutent les deux médecins.
A nos jours, presque 5 millions d’américains sont affectés par l’Alzheimer, une maladie encore incurable, et le nombre risque de s’augmenter avec le vieillissement de la population, conclut AFP.
Source: realitatea
Source photo: pestcontrol
Article ecrit par Răzvan Spiridon et traduit pe Mihail Mitoșeriu.