La production d’énergie verte, c’est-à-dire énergie qui provient des sources régénérables, est devenue une priorité de la Roumanie. Selon une Directive de l’Union Européenne, jusqu’à 2020, l’état roumain doit assurer plus de 20% de son électricité en employant des sources régénérables. Par conséquent, la loi permet, le financement est facile et le potentiel énergétique de notre pays est loi d’être entièrement exploité. Ca peut paraitre une bonne situation, mais la réalité est complètement différente…
Source photo Travaux illégaux d’aménagement dans le lit mineur d’une rivière (Făgăraş)
Pendant les derniers trois ans, les investisseurs ont commencé d’«implanter» les micro-hydrocentrales partout où il est possible de les construire. Le projet visant le développement de cette source d’énergie inclut presque 4000 projets sur plus de 3000 rivières de la Roumanie. Selon la Garde Environnementale, au niveau de l’an 2012, plus de 40 projets étaient en déroulement, et 488 d’autres attendaient leurs autorisations. La Société Hidroelectrica détient près de 50 micro-hydrocentrales opérationnelles et planifie la construction de quelques dizaines d’autres. Néanmoins, le problème n’est pas le nombre de centrales. En effet, elles sont une option écologique pour la production de l’électricité, qui a été adoptée même par un état modèle dans le domaine de l’écologie – la Norvège. Ce qui nous préoccupe est l’emplacement des centrales et leur processus de construction. Mais avant d’attaquer le sujet, nous devons comprendre qu’est ce que c’est une micro-hydrocentrale.
Source de la photo et des informations: www.alea.ro www.ubi-therm.ro
Dans la Roumanie, il y a un énorme potentiel pour la génération de l’hydroélectricité, estimé à 36.000 GWh/an. Malgré la nécessite de développer les micro-hydrocentrales, l’absence d’une législation réglant les conditions de construction a permis aux investisseurs, qui détiennent des autorisations et avis d’environnement, de commettre plusieurs actions nuisibles pour l’environnement, dont quelques sont assez graves.
En décembre 2011, j’ai visité une des micro-hydrocentrales en construction dans la Vallée Capra du Massif Făgăraş. J’ai été étonné par la manière de construction et par le manque de respect pour l’environnement. Dans la même période, on a assisté à une avalanche d’informations et d’articles, parfois réalisés par les ONG, sur la nécessité de mettre fin aux travaux dans le Massif Făgăraş. Un cas visait la construction de dix micro-hydrocentrales privées sur les rivières Capra, Buda et Otic, des tributaires de la rivière Argeş.
Le problème concernait la manière dans laquelle les travaux de captation de la rivière et d’emplacement du conduit d’évacuation de l’eau étaient réalisés, sans respecter les lois et même les paramètres officiels du projet. Selon l’avis environnemental issu pour la construction, la dégradation du lit et des berges de la rivière est interdite, comme, en outre, la modification ou la réduction de la section d’écoulement de l’eau. Le canal d’écoulement de l’eau captée doit se situer au mois 0.5 mètres plus haut que l niveau inondable. En même temps, il est interdit de construire dans les rivières pendant les saisons de migration et reproduction des poissons et pendant la période de prohibition du pêche pour la truite, le huchon et l’ombre commun.
On ignore aussi les normes concernant la pollution de l’environnement, qui interdissent l’emplacement des matériaux de construction directement sur le sol, qui doit être couvert préalablement avec une feuille imperméable de polyéthylène. Les outils provoquent des fuites d’huile, qui se jette dans la rivière. La zone fait partie d’un site d’importance communautaire (SCI), qui appartient au Réseau Nature 2000 (un réseau européen des zones naturelles protégées, qui contiennent un échantillon représentatif d’espèces sauvages et d’habitats naturels d’intérêt communautaire – source).
Source de la photo: Bogdan Olariu Travaux pour la micro-hydrocentrale de Valea Capra (Făgăraş, décembre 2011)
La région du Massif Făgăraş est bien connue pour sa biodiversité et ses beaux paysages. Les changements apportés sur la végétation par le déboisement, la diminution de la biodiversité, la fragmentation des habitats et la modification des lits des rivières (altérations de la pente, la déviation et même l’obturation du cours d’eau, l’augmentation des dépôts sédimentaires dans l’eau et la réduction subséquente de la quantité d’oxygène) provoquent des dommages sévères pour l’environnement, avec un impact dévastateur.
Un environnement détruit peut être réhabilité du point de vue écologique, mais jamais restauré dans sa forme initiale. Donc, toute transformation est irréversible et présente des conséquences, parfois difficiles à estimer, pour l’écosystème. La faune peut subir les pires effets. Les vibrations et la pollution sonore chassent les animaux et les poissons sont particulièrement affectés. Un exemple dans ce sens est le poisson Romanichthys valsanicola, une espèce endémique qui, selon plusieurs spécialistes, est aujourd’hui disparue à cause de la construction du barrage de Vidraru et de son système de drainage. En présent, la truite commune (Salmo trutta) est aussi périclitée, parce que les nouveaux barrages empêchent presqu’en totalité sa migration.
Source de la photo Travaux irréguliers d’aménagement pour une micro-hydrocentrale (Făgăraş)
Mais le cas du Massif Făgăraş n’est pas unique. Malheureusement, des situations similaires ont été découvertes en Suceava, sur la rivière Neagra, et aussi en Caraș Severin, dans le Massif Țarcu, où la construction des micro-hydrocentrales bloque la migration des poissons.
Mais il y a aussi des espoirs. Un cas particulier est représenté par le district de Brașov et la rivière Sebeş, où la construction du conduit qui transporte l’eau de l’amont vers la centrale est réalisée parallèlement avec le lit de la rivière, et à une distance raisonnable, de plusieurs mètres. Même si les couts sont plus grands, et la construction est mois directe et brève, le projet est vraiment écologique, respectant les normes en vigueur.
Vous vous demandez: quel est l’enjeu de ces investissements? Est-ce qu’une telle activité est rentable du point de vue économique? La réponse est étonnante : des millions d’euro peuvent être obtenus rapidement. Le seuil de rentabilité d’un projet est atteint pour un prix de l’électricité qui se trouve entre 20 et 36 euros/MWh. Mais le plus grand avantage d’une microcentrale est représenté par les certificats verts accordés pour les sources d’énergie régénérable – deux certificats pour chaque mégawatt livré dans le réseau électrique national dans le cas des centrales ayant une puissance installée jusqu’à 1 MWh par unité. Ainsi, le prix augmente d’une manière signifiante, avec entre 27 et 55 euro cents pour chaque certificat vert, selon les provisions de la Loi no. 220/2008 sur la stimulation de la production de l’électricité en employant des sources régénérables, et l’investissement est amorti facilement en 3-4 ans, et puis génère des gros profits, payés par l’état et les consommateurs. Par conséquent, même si normalement la plupart des micro-hydrocentrales ne sont pas efficientes, d’après des estimations qui prennent en considération le débit variable des rivières montagneuses, les investissements sont justifiés à cause des lois permissives, qui encouragent le développement de tels projets dans le futur proche.
Le désastre écologique qui risque de frapper l’entier chaine carpatique est déclenché, de manière paradoxale, par l’énergie verte. Comme on peut observer dans les cartes présentées, la plupart des projets sont implantés dans les Carpates, et 26% des points illustrés sur la carte ci-sous se trouvent dans des zones protégées, des sites d’importante communautaire (SCI), des zones de protection pour l’avifaune (SPA) et des parcs naturels nationaux. Si leur construction continue dans le même rythme, ces zones protégées seront inutiles dans le futur, car les espèces végétales ou animales endémiques qu’elles abritent disparaîtront sous les chenilles des excavateurs dirigés par les grands entrepreneurs d’une soi-disante énergie verte.
Malgré l’apparente légalité des documents autorisant les travaux, les carences d’un système qui reste dysfonctionnel et incapable de résoudre les plus pressants problèmes environnementaux ont conduit à un déclin écologique sans précédent dans la Roumanie. Théoriquement, conformément à la législation en vigueur, une micro-hydrocentrale ne peut pas avoir des effets négatifs sur l’environnement, mais, en pratique, la situation est très différente. Jusqu’au moment ou la méthodologie de l’évaluation d’impact environnemental s’alignera aux novelles tendances dans le domaine, et les lois deviendront plus fortes que l’influence politique et la corruption, rien ne va changer dans le cas des micro-hydrocentrales, et aussi généralement dans la Roumanie.
Mais notre position face aux événements est aussi importante. Une pétition signée par plusieurs milliers de roumains et les protestations organisées par les ONG en 2012 ont réussi d’attirer l’attention et de lancer un signal d’alarme, ralentissant le rythme des travaux et, peut-être, intimidant les constructeurs, mais les activités ont été reprises. Notre attitude est importante et, malgré l’absence des nombreux précédents dans ce sens, l’opinion du peuple a généré des changements de politique publique.
Ainsi, nous devons nous encourager de continuer nos actions avec confidence dans nos forces, espérant pour un changement positif dans la société.
Source photo: Bogdan Olariu Paysage dans la Vallée de Călțunul (tributaire dans la Vallée Capra, Făgăraş, décembre 2011)
Source des informations: romaniapozitiva.ro jurnalul.ro stirileprotv.ro fabrica de cercetare.ro hidroelectrica.ro mmediu.ro
Article ecrit par Bogdan Olariu et traduit par Mihail Mitoșeriu.